Quand peu à peu les amitiés s’effacent …
Ou que brusquement, elles quittent ta vie sans motifs ni explications …
Quand ta famille s’éloigne et t’oublie, ou se construit une haine qu’elle ne peut elle-même s’expliquer …
Quand, à l’issue de cela, tu te sens utilisée, parce que tu comprends que ton amitié et ton amour n’avaient d’attraits que ce que tu pouvais offrir comme avis, conseils, et services …
Quand te rencontrer est « rafraichissant », presque « exotique », tellement tu fonctionnes différemment, que tes propos ravivent les couleurs de l’être, que tes approches de la vie nourrissent et éveillent les parts endormies de l’Autre, qui n’attendaient que cela …
Mais quand ta principale capacité, ton principal talent ou don, est la révélation de l’Autre, non parce que tu vas lui dire, mais parce que l’alchimie de la rencontre et des échanges permet cette magie de révélations multiples, dans une spontanéité et une authenticité retrouvées, au-delà de ce que l’ego de l’Autre accepte de voir et de reconnaitre …
Alors les dos se tournent, et tu les regardes s’éloigner, puis disparaitre dans les brumes de la vie …
Un jour, tu regardes autour de toi et l’espace est vide !
Puis tu te regardes et tu rencontres ton visage, usé par toutes ces attentions que tu as portées envers les Autres, et que tu as oublié de nourrir en toi …
De nouvelles âmes s’approchent parfois, avec sourire et bonne foi, mais tu sais, cette fois, que tu resteras en surface pour ne pas effrayer …
Et surtout, tu ne parleras plus de toi, car comment présenter qui tu es, sans parler un minimum de ton vécu, et, passé un certain âge, ce vécu devient trop long pour être raconté, et surtout, tu n’as plus la force ni l’envie de le faire …
Et donc, avec juste ce que tu es dans ce présent, fruit de tout ton parcours d’âme, les Autres vont capter encore une fois, cette « fraicheur » et cet « exotisme » qui les raviront et les feront voyager un temps, avant de s’éloigner eux aussi, une fois cette nouveauté consommée …
Alors que Toi, tu as besoin, oui je dis bien besoin (et vire tous ceux qu’ils veulent te parler de dépendance), besoin de te dire, besoin d’être entendue sur ta propre longueur d’onde, besoin d’être comprise, épaulée, soutenue …
Parce que tu l’as tant fait toi-même et que tu croyais naïvement qu’il y avait un retour naturel, qui durait dans le temps …
Quand le vide se crée …
Tu te demandes, une fois de plus, le bien fondé de ta présence …
Quand tu n’as, d’un jour à l’autre, plus personne à qui parler de tes peurs, de tes doutes, de tes souffrances et aussi de tes joies …
Du rêve inquiétant que tu as fait cette nuit, de toutes ces petites futilités précieuses qui font la Vie …
Alors, pour te consoler, tu te dis qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée.
Mais ça, à un certain stade … c’est du vent !
Le bel adage spirituel à la mode qui te rabâche que « Tu n’es jamais seule », perd lui aussi tout son sens, car malgré la présence inconditionnelle de la Nature et de ton animal de compagnie si tu en as un, malgré la « présence subtile » des êtres invisibles, qui restent … invisibles et sans consistance …
Tu as besoin de quelqu’un de ta race, un semblable, un humain qui pleure et rit, qui parle et se tait, qui aime et vit, qui bouge et te regarde …
Qui a un parcours similaire au tien pour pouvoir te comprendre …
Une âme qui te connait et t’accepte dans tes ombres, et t’aime encore plus malgré cela.
Une âme qui aime ta lumière parce qu’elle ressemble à la sienne …
Tu as besoin de bras qui t’entourent, d’un torse solide ou appuyer ton front, de paroles douces murmurées à ton oreille, et de quelqu’un qui a toujours foi en toi, quand toi-même tu as perdu toute confiance …
Quelqu’un qui prend de tes nouvelles …
Quelqu’un qui pense à toi, même à distance, et n’a pas peur de te le dire.
Quelqu’un qui te stimule, et pour qui tu as aussi envie de réussir.
Quelqu’un qui t’aime telle que tu es, et sur qui tu peux compter, parce qu’en retour, il/elle sait que tu es là.
Quelqu’un qui habite ton cœur, quand tu sais aussi, que tu vis dans le sien.
Quand les seules interactions qui te restent sont professionnelles, mais que le personnel n’est plus nourri …
Tu te fanes … tu t’effaces … tu t’effrites … tu te dissous …
Petit à petit …
Dans l’indifférence la plus totale …
Même tes projets les plus chers deviennent négligeables …
Parce que tu as compris que si tu ne peux en partager les joies, ils perdent toutes leur saveur.
Même tes réussites deviennent fades, quand tu les fêtes seule devant un verre, sur ton canapé …
Quand trop souvent, ou trop longtemps, tu as été seule dans ton espace.
Et que définitivement, il ne te reste que toi !
Au bout du compte, cela devient tellement insuffisant …
Dans ce monde de dualité et d’interactions, où l’humain est un animal sociable et social, ta place devient trop grande même si tu l’occupes, trop vide même si tu la remplis, et trop silencieuse même si tu fais du bruit …
Et tu ne sais même plus ce qu’il est bon d’attendre ou d’espérer …
On te dira qu’il ne faut rien attendre, mais celles et ceux qui te le diront ne sont pas aussi totalement seuls que tu l’es, et ne peuvent comprendre ce que tu vis.
Quand tu ne reçois plus aucun appel, plus aucun message, plus aucune attention. Ou que cela reste tellement ponctuel et pour seulement nourrir l’Autre. Et que ta seule reliance au monde reste les réseaux virtuels …
Il ne te reste que le silence …
Un vide dans lequel plus rien n’a envie de naître …
Au début tu essaies d’apprécier, de t’en confirmer le bien-fondé …
De chanter, de respirer à plein poumons cette « Liberté » …
Mais qu’est-ce que la liberté, si elle n’est pas partagée ?
Béatrice Bonnin – Âme Stellaire
Exploratrice de l’Âme et des Mondes Oubliés